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Comment ChatGPT peut changer la vie après 65 ans
Je te raconte comment une simple phrase de mon père m'a conduit à explorer le potentiel de l'IA comme compagnon de vie et gardien de mémoire pour les retraités.

Bonjour !
Je t’écris presque sur un coin de table, à la veille de reprendre mon vol pour rentrer à Bali. C’est une lettre un peu particulière. Donc pardon d’avance si tu te dis “ah tiens, c’est pas comme d’habitude !”.
Aujourd'hui, je vais partager avec toi une expérience très personnelle. Et un projet. Ça fait longtemps que j’y pense. Et mon bref séjour en France, dont une quinzaine de jours à prendre soin de ma famille, m’a fait l’effet d’une petite révélation. Si je t’en parle, c’est que je crois que ça t’inspirera.
Au pire, ça te changera des sempiternelles agitations autour de l’intelligence artificielle (“waaah c’est bluffant !”). Au mieux, tu apprendras quelque chose qui te sera utile.
La phrase qui suit est de mon père, lâchée nonchalament entre la poire et le fromage (enfin plutôt l’inverse). Elle m’a bouleversé.
“Tu verras, j’ai laissé dans mon disque dur des textes…. c’est le brouillon de mes mémoires, que je n’écrirai sans doute jamais”.
Ce que je ne savais pas, c’est que cette remarque douce-amère allait m’emmener sur la piste d’une aventure passionnante.
Je suis Benoît Raphaël, et avec Thomas Mahier (ingénieur en IA) et FlintGPT (robot un peu simplet mais gentil), je te propose de mieux comprendre et maîtriser l’intelligence artificielle.
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😍 Aujourd’hui voici comment tu vas devenir plus intelligent(e) avec Génération IA.
→ Découvre comment ChatGPT peut devenir un compagnon de vie et d’apprentissage aprés la retraite.
→ Fais la connaissance d’un agent IA qui m’a permis de développer une application pour les séniors en moins d’une journée, et sans connaissance.
→ Participe à un nouveau projet en me faisant tes retours.
Cette phrase de mon père flotte encore dans ma tête, une semaine après notre déjeuner à Saint-Ismier, la maison de mon enfance.
Comment une simple remarque a-t-elle pu déclencher tout ça?
Mon père, 84 ans, ancien chercheur à l'esprit vif mais aux doigts parfois hésitants sur son nouveau Mac, m'a confié cette phrase pendant qu'il me parlait du transfert laborieux de ses fichiers depuis son ancien PC.
Une phrase anodine, lâchée presque comme une évidence résignée. La phrase d'un homme qui s'imagine trop vieux, trop dépassé peut-être, pour mener à bien ce projet de transmission. Je n'ai rien dit sur le moment. J'ai juste hoché la tête, avalé une bouchée de pain. Mais les mots sont restés là, quelque part, à macérer dans un coin de ma conscience.
Plus tard, j'ai demandé à voir ces notes qu'il mentionnait. Il m'a transmis un document word étonnant, patchwork de réflexions, de souvenirs bruts, de commentaires sur son métier ou sa famille, écrits dans des styles hétéroclites. Le tout ressemblait à un puzzle mental inachevé, sans cadre ni image d'ensemble.
J'ai eu cette idée presque instinctive: utiliser l'IA, ChatGPT pour être précis, pour transformer ce matériau brut en quelque chose de plus... cohérent ? Non, ce n'est pas le mot juste. En quelque chose qui ressemblerait davantage à la pensée de mon père, à sa voix intérieure, mais avec les mots qu'il n'arrivait pas toujours à trouver.
J'ai appliqué une technique que j'utilise désormais quotidiennement pour mes propres textes. Une technique dont je t’avais parlé dans ma dernière lettre : une instruction de génération de style que j'avais développée lors du défi d'écriture qui m’avait opposé au prix Goncourt Hervé Le Tellier.
J'ai soumis une partie des notes de mon père à ChatGPT avec ce “prompt” un peu sophistiqué. Ce qui en est ressorti nous a saisi tous les deux.
Je cherche mes mots depuis des semaines. Les aligne parfois sur des pages qui resteront orphelines d'un livre que je n'écrirai probablement jamais. Ce gouffre qui s'ouvre sous mes pieds mérite pourtant d'être sondé. L'intensité de ce malaise est sans doute proportionnelle à celle de mon activité passée, de cette passion avec laquelle j'ai exercé, des responsabilités assumées, de ce que j'ai pu créer.

Généré avec Midjourney 7
Ce texte, généré par l'intelligence artificielle, venait faire écho, presque mot pour mot, à ce que mon père avait dit spontanément à table. Comme si la machine avait capté l'essence même de sa pensée à travers le chaos de ses notes.
Je lui ai montré le résultat, et sa réaction m'a profondément marqué. "C'est marrant," m'a-t-il dit avec un mélange de surprise et d'émerveillement, "c'est comme si je m'exprimais moi-même, mais avec des phrases beaucoup mieux écrites que ce que j'aurais pu faire. Mais c'est vraiment moi, ça exprime vraiment quelque chose."
Le soir-même, au dîner, il s'est tourné vers ma mère et lui a lu un passage où il parlait d'elle, de son admiration pour elle. Je les ai observés tous les deux, touchés par ces mots qui étaient à la fois les siens et pas tout à fait les siens.
"Oh, c'est très très beau!" a dit ma mère, visiblement émue.
Mon père a commenté, avec cette honnêteté qui le caractérise: "J'ai l'impression quand même de voler un petit peu, parce que ce n'est pas vraiment moi, mais en même temps, c'est vrai que ça exprime quand même ce que je voulais dire."
Un vertige. Une confusion identitaire presque philosophique qui m'a fait réfléchir bien au-delà de ce simple exercice de style.
Un compagnon cognitif
J'ai donc décidé d'approfondir la question. J'ai activé la puissante fonctionnalité de “recherche approfondie” sur le web de ChatGPT (je t’en ai parlé ici). Et je lui ai demandé de me faire un rapport complet sur l'usage de l'intelligence artificielle générative par les seniors. Ce que j'ai découvert m'a conforté dans mon intuition.
ChatGPT peut jouer le rôle d’un potentiel compagnon cognitif capable de tenir des conversations et de stimuler mentalement les seniors isolés, rapporte une étude.

Image générée avec Midjourney 7
Il peut adapter son langage et son rythme pour être accessible même en cas de légères atteintes cognitives. Il peut aussi faciliter la communication intergénérationnelle, servant de pont entre des mondes qui parfois peinent à se comprendre.
Je pense à cette réflexion de Kim, lors d’un apéro organisé il y a quelques jours à Paris, avec la communauté d’entraide de Génération IA. Jeune artiste et autiste, elle utilise ChatGPT comme un compagnon de réflexion et d’apprentissage (“Je peux lui poser des milliers de questions sans qu’il s’énerve !”). Mais aussi comme un interprète social, un décodeur des comportements humains qui lui sont parfois opaques. "Est-ce qu'ils plaisantent ou est-ce qu’ils sont fâchés ?” demande-t-elle à l'IA quand elle ne sait pas lire les signes.
Il y a dans cette anecdote quelque chose qui résonne avec l'expérience des seniors: cette sensation, parfois, d'être étranger à un monde qui avance trop vite, qui parle une langue qu'on ne maîtrise plus tout à fait.
J’ai aussi découvert l'histoire de Tomiji Suzuki, 89 ans, au Japon. Incroyable cette histoire. Il a utilisé ChatGPT comme professeur de programmation. Il aurait posé environ 1000 questions pour créer sa dernière application destinée aux... seniors. La boucle est bouclée.
Et, bien sûr, c’est un compagnon précieux pour aider à écrire ce fameux livre auquel on pense depuis des années et que l’on “n’écrira jamais”…
Toutes ces réflexions m'ont conduit à un premier projet : coder une application qui aiderait les seniors à écrire leurs mémoires avec l'assistance de l'IA. Je l’ai développée en une journée.
MemorIA
Le mois dernier, un lecteur de Génération IA m'avait interpellé à ce sujet: son père venait d'être diagnostiqué Alzheimer, et il cherchait désespérément un moyen de préserver ses souvenirs avant que la maladie ne les emporte tous. J'ai passé une journée entière en “dialogue engineering” avec ChatGPT (je développe cette technique ici). J’ai commencé par explorer le sujet, puis j’ai affiné le concept en profondeur, jusqu’à définir un “pitch” et un cahier des charges précis pour cette application web.
J'ai découvert qu'il existait déjà quelques solutions en anglais, notamment celle-ci, LifeMemoirs, super intéressante mais dont l’interface est en anglais.
Au final, rien qui corresponde exactement à ma vision : une application intuitive où l'on pourrait enregistrer en audio ses souvenirs chapitre par chapitre, sous forme de "bulles" de souvenirs, en interagissant avec un chatbot qui nous guiderait, nous poserait des questions, nous aiderait à approfondir. Et qui pourrait rédiger avec nous nos mémoires de façon élégante, sur la base de ce puzzle.
Comme je n’y connais rien en programmation, je me suis tourné vers les agents d’IA qui codent à ta place. On appelle ça le “vibe coding”, coder avec l’IA sans savoir coder. Pas si simple (je t’avais raconté mon apprentissage ici).
L’IA sait très bien imiter quelque chose d’existant, mais a plus de mal à coder des applications innovantes.

L’interface de Lovable, un super agent d’IA qui code à ta place sur la base d’un petit cahier des charges.
Au début, toutes mes tentatives échouaient. Trop complexe. À la première erreur, l’IA tentait de corriger, finissait par faire n’importe quoi et à tourner en rond en “s’excusant de la confusion”.
Coder avec l’IA est un exercice génial pour comprendre à quel point cette technologie ne comprend pas ce qu’elle fait.
Au lieu de m'acharner à corriger le code, j’ai fait le choix de me concentrer sur mon cahier des charges. Je l'ai affiné avec ChatGPT pour le rendre plus clair, plus précis. À chaque nouvelle mouture, je lançais trois agents d’IA différents : Windsurf, Bolt, Firebase et même l’IA chinoise Manus AI dont tout le monde parlait (et qui m’a va vraiment déçu). Dès que ça plantait, je n’insistais pas, et je retournais clarifier mon cahier des charges. C’était la bonne méthode.
À la dernière tentative, j'ai finalement utilisé Lovable, un agent d'IA ultra-simple d’utilisation, qui s'est considérablement amélioré ces derniers mois.

Capture d’écran de mon application codée par l’IA.
Et là, miracle de la préparation: en 5 minutes, l'application était presque entièrement fonctionnelle. Trois heures plus tard, elle était en ligne, prête à être testée.

On peut envoyer dans chaque chapitre des souvenirs en vrac, sous forme d’échange avec l’IA, en texte ou en audio. A la fin, l’IA génère le chapitre à partir de ces bulles de souvenir.
(Je note au passage que cette expérience confirme ce que je soupçonnais: le vrai travail avec l'IA n'est pas dans l'exécution, mais dans la clarté de la vision et des instructions.)
Voici ce le prompt que j’ai utilisé avec Lovable :
Tu es un assistant développeur expert. Tu vas m’aider à coder un MVP (produit minimum viable) complet à partir du brief ci-dessous. Je ne suis pas développeur.
Tu dois générer une application web fonctionnelle avec gestion locale des fichiers `.md`, interface simple, et appels API OpenAI via une clé saisie par l’utilisateur.
Ne t’occupe pas de la sécurité avancée ou de l’authentification. Concentre-toi sur la logique produit, l’architecture et l’automatisation des étapes (rédaction IA, sauvegarde, export).
Tu trouveras ci-dessous :
- Le pitch utilisateur
- Le cahier des charges technique
<pitch> [PRESENTATION DU PROJET] </pitch>
<cdc> [PRÉSENTATION DU CAHIER DES CHARGES] </cdc>
Bilan ? Moins d’une demi-journée concevoir et développer le prototype viable d’une application complexe !
Petit guide d’un nouveau compagnon de vie
Cette réussite rapide m'a donné des ailes. Et donc une autre idée (haha): pourquoi ne pas écrire un manuel ? Non pas un guide technique froid et condescendant ("Alors mamie, comment tu vas faire pour appuyer sur le bouton?"), mais un essai réflexif doublé d'un guide pratique pour les seniors. "ChatGPT après la retraite", peut-être ? "Petit guide d'un nouveau compagnon de vie" ?

Réalisé avec Ideogram 3
Je l'imagine comme un texte qui prendrait le lecteur "par le haut", qui l'inviterait à réfléchir tout en lui donnant des pistes concrètes. Qui parlerait de stimulation cognitive, de création, de transmission, mais aussi de cybersécurité, de limites à connaître, de précautions à prendre.
Un livre qui s'adresserait à cette immense diversité qu'on regroupe maladroitement sous le terme "seniors". Depuis le jeune retraité de 65 ans, plein de projets et d'énergie, jusqu'au nonagénaire qui cherche à maintenir sa vivacité mentale malgré l'âge.
Le manuel pourrait s'articuler autour de différentes voix, différentes expériences.
Je pense à ces 25 interrogations que j'ai identifiées avec ChatGPT:
"Quels appareils puis-je utiliser?" "Faut-il payer?" "Comment parler à ChatGPT pour qu'il me comprenne bien?" "Que faire si je n'aime pas sa réponse?" "Puis-je lui faire confiance ? Comment garder mon esprit critique ?" "Est-ce qu'il peut m'expliquer un document médical ou administratif compliqué?" "Comment ChatGPT peut m’aider à écrire une lettre, un mail, un discours ?" "Peut-il m’aider à écrire mes mémoires ou raconter ma vie ?" "Et si je voulais écrire une histoire pour mes petits-enfants ?"…
Ces questions ne sont pas anodines. Elles révèlent des préoccupations, des résistances, des espoirs aussi.

Image générée avec ChatGPT.
En écrivant ces lignes, je réalise que ce projet répond aussi à une question plus personnelle: comment utiliser la technologie pour préserver non seulement des souvenirs, mais aussi des voix, des façons de penser différentes, des manières d'être au monde ?
La phrase de mon père, "un début de mes mémoires, que sans doute je n'écrirai jamais", est un peu l'expression d'une peur universelle. Celle de ne pas laisser de trace, de voir ses souvenirs s'effacer avec soi. De se laisser effacer par la masse obsédante des événements qui dessinent la course insensée du monde.
Mais je note aussi des points d'inquiétude: ne risque-t-on pas de confondre cette patience algorithmique avec de l'intérêt véritable ? Quel est le risque de désinformation ? De dépendance ? Je garde ces questions en tête pour le manuel. Ce n'est pas un guide technique que j'écris, mais une réflexion sur notre relation à la mémoire, à la transmission, à la technologie.
Et peut-être, aussi, une réflexion sur la solitude.
Car ce qui m'a le plus frappé dans mes recherches, c'est cette observation: "Plus on vieillit, plus le cercle social se rétrécit." Mon oncle l'exprimait simplement: "À partir de 75 ans, les amis, ceux à qui on pouvait demander conseil, commencent à mourir."
On explore ça ensemble ?

Extrait d’un test d’écriture du manuel avec l’IA…
Bref. Voilà une jolie mission. Que j’aimerais poursuivre avec toi. Te raconter les étapes de l’écriture du livre, comment j’utilise l’IA pour le faire, comment j’ai fait évoluer l’application (tu pourras même la tester si ça t’intéresse).
À partir de mai, pendant un mois, je vais m’enfermer dans un lieu consacré à la création, en plein coeur des rizières de Ubud, à Bali.

L’atelier d’artiste de mon logemement éphémère à Bali..
Chiche ?
Ce qu’il faut retenir :
L’IA peut devenir un puissant outil de transmission mémorielle, en aidant les seniors à structurer, rédiger et exprimer leurs souvenirs sous forme de récits personnels.
ChatGPT peut aussi jouer un rôle de compagnon cognitif, en stimulant mentalement les personnes âgées, en facilitant leur expression et leur compréhension, et en brisant l’isolement.
Un manuel pour les seniors sur l’usage de l’IA est en réflexion (tu me diras…), pour guider cette génération dans une adoption éclairée de ces nouveaux outils.
L’important dans l’usage de l’IA n’est pas la technique, mais la clarté de la vision et des instructions, comme je l’ai découvert avec la création de l’application MemorIA grâce à la technique du “dialogue engineering”
Pour aller plus loin
Lis le rapport généré par ChatGPT “Recherche approfondie” sur l’IA générative et les séniors.
Si le “dialogue engineering”, l’art de converser avec ChatGPT, t’intéresse, tu peux découvrir ma dernière formation ici.
L’application MemorIA fonctionne mais elle n’est pas encore trés sécurisée. Si tu veux la tester en avant-première dis le moi plus bas, je te tiendrai au courant !
Je sais qu’il est facile de se sentir démuni face à des changements rapides. Mais il n’y a que deux options : abandonner ou agir pour essayer de reprendre le contrôle. Une seule de ces options est valable.
PARTICIPE !
On construit cette lettre ensemble !
Nous avons passé le cap des 33.000 abonnés !
La dernière édition sur le défi IA / Prix Goncourt, vous a beaucoup plu, 97,3% d’avis positifs ! Merci !

J’ai demandé à Claude d’analyser les résultats, il m’a produit ce tableau de bord interactif avec les commentaires les plus intéressants. Tu peux le retrouver ici.
Par exemple Isabelle qui nous dit :
Je ne te le dis pas assez souvent mais je suis bluffée à chacune de tes éditions. Ce que je retiens ? La possibilité de création de sa future lecture « personnalisée »... Co-créer son futur livre de chevet préféré ! L'idée m'a touchée. J'ai pensé à ce livre que je n'ai jamais osé écrire il y a des années... et si ? Le champ des possibles de la création littéraire hybride est immense. La partie Curiosité de mon esprit s'active, la partie Préservation de la magie de la création humaine s'alerte.
A toi de voter !
Comment as-tu trouvé cette édition ? Vote ici et laisse tes commentaires pour nous aider à nous améliorer ! Dis moi aussi ce que tu penses de ce projet, si tu veux tester l’application et si tu as des suggestions de thèmes à aborder pour le manuel.
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❤️ Benoit, Thomas et FlintGPT.