Pourquoi Yann LeCun croit que le discours catastrophiste sur l'IA est un piège

Une approche contre-intuitive (et « française » ) sur l’avenir de l’IA.

Le discours catastrophiste sur l’intelligence artificielle peut-il rendre le futur encore plus... catastrophique ?

Cette idée est avancée par Yann LeCun, patron de la recherche en IA chez Meta, et l’un des pères de l’IA moderne avec Yosha Bengio et Geoffrey Hinton.

Mais alors que les deux derniers alertent le monde sur une probable « IA-pocalypse », le chercheur français explique exactement le contraire.

Pour lui, ces cris d’alarme apportent « des munitions à ceux qui font du lobbying pour une interdiction de la R&D ouverte en IA ».

Yann LeCun vise les principaux acteurs de l’IA qui, loin de démentir ces craintes, en font leur beurre pour infléchir la règlementation.

« Si votre campagne de peur réussit », explique Yann LeCun a ses amis chercheurs, « il en résultera inévitablement ce que vous et moi considérons comme une catastrophe : un petit nombre d’entreprises contrôlera l’IA. »

Réguler le produit final ? Oui. Étouffer la recherche ? Non.

Mais alors comment prévenir les risques ?

« Vous écrivez comme si l’IA était un phénomène naturel hors de notre contrôle », répond LeCun. « Mais ce n’est pas le cas. »

Yann LeCun rappelle que des systèmes d’IA sûrs et contrôlables sont réalisables :

« Si des systèmes d’IA puissants sont guidés par des objectifs (qui incluent des garde-fous), ils seront sûrs et contrôlables parce que nous avons fixé ces garde-fous et ces objectifs ».

Selon lui, la recherche et développement ouverte, impliquant le public, est le seul moyen de garantir un avenir durable pour le développement de l’IA.

L’enjeu est même civilisationnel.

« L’ouverture est le seul moyen de faire en sorte que les plateformes d’IA reflètent l’ensemble des connaissances et de la culture humaines. »

Ses propositions vont encore plus loin :

« Nous avons nécessairement besoin que les plateformes soient open source et librement accessibles afin que tout le monde puisse y contribuer ».

« Pour cela, il faut que les contributions à ces plateformes soient financées par la foule, un peu à la manière de Wikipédia. Cela ne fonctionnera pas si les plateformes ne sont pas ouvertes. »

C’est audacieux et ça change du discours ambiant.

(Source : Yann LeCun sur X - Illustration : Benoit Raphaël avec Midjourney)