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Comment j'ai écrit un roman en 7 jours avec l'IA
Imagine faire écrire un roman par une équipe d'IA en 7 jours. C'est le défi un peu fou que je me suis lancé. Découvrez les coulisses de cette aventure littéraire et technologique vertigineuse..
Bonjour !
Aujourd’hui, on va apprendre à écrire un roman. Sauf que ce n’est pas toi qui va l’écrire mais, hum… un peu toi quand même. Tu verras, c’est parfois vertigineux.
L’idée m’est venue il y a deux semaines. Je me suis dit : “Et si j’écrivais un roman en 7 jours avec l’intelligence artificielle ?” Est-ce que c’est possible ? Et est-ce que le résultat sera suffisamment intéressant pour que je puisse envisager de le publier ?
Bien sûr, je n’avais aucune idée de l’histoire que j’allais raconter. Mais c’est justement ce qui a rendu ce voyage tout à fait incroyable. Je suis allé de surprise en surprise, et j’en suis ressorti un peu perturbé … Alors reste avec moi, je vais tout t’expliquer.
Je suis Benoît Raphaël, et un dimanche sur deux, avec Thomas Mahier (ingénieur en IA) et FlintGPT (robot un peu simplet mais gentil), je te propose de mieux comprendre et maîtriser l’intelligence artificielle.
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Ce dimanche voici comment tu vas devenir plus intelligent avec Génération IA :
→ Peut-on écrire un roman en 7 jours avec l’IA ? Je te donne ma recette, saupoudrée de BEAUCOUP de questions existentielles.
→ Peut-on tromper son entourage, sa famille ou même sa banque, avec un clone IA de soi-même ? Eh bien… plus ou moins.
→ ChatGPT a-t-il une mémoire ? Oui ! Découvre cette nouvelle fonctionnalité.
→ Quel est l’outil de génération d’images préféré des Français ? Il est gratuit et très polyvalent !
→ Enfin, Thomas partage avec toi ses bons liens pour comprendre l’IA, garanti zéro bullshit ! Une nouvelle rubrique à découvrir.
Peut-on écrire un roman qui tienne la route avec l’IA ? Cette question me taraudait depuis la lecture d’un livre qui s’appelle justement comme ça : “Comment écrire un roman avec ChatGPT” de Paul Miller. Le problème, c’est que le livre est un peu léger. Je me suis même demandé si l’auteur avait vraiment appliqué sa méthodologie pour écrire un roman complet. En fait il recommandait surtout d’écrire le roman en se faisant aider par l’IA. Moi je voulais aller plus loin. Faire écrire un roman à 100% par l’IA. Et le réaliser en 7 jours.
Pourquoi ? Parce que je voulais explorer une nouvelle façon d’écrire. Comme je l'avais fait pour la génération d'images. Avec Midjourney, ce n’est pas toi qui dessine directement, c’est l'IA. Mais ce n’est pas elle non plus. L’intelligence artificielle devient ton pinceau. Un pinceau capricieux, qui t’inspire autant qu’il t’obéit. Dans la Grèce antique, on appelait ces esprits créatifs des Muses. Les artistes disaient qu’il fallait utiliser les bonnes prières pour que la Muse joue parfaitement son rôle, mais qu’il y avait toujours des surprises. Avec l’IA générative, c’est un peu la même chose. Les prompts sont comme des prières envoyées aux muses. On appelle cet art : l’art du prompt. L'art de donner des instructions à la machine.
Pour écrire un roman avec l’IA, je devais m ’inventer une nouvelle machine. Une "Muse à écrire". J'explorais ce faisant le concept de néo-roman : une fiction écrite par une IA mais avec une intention humaine. Je trouvais l’idée vertigineuse, un peu effrayante, excitante. Elle signifiait que n'importe qui avec une bonne culture littéraire pourrait demain écrire son propre livre, même sans savoir écrire ou avoir le temps. Mais était-ce sérieux ?
Le concept de “Muse à écrire”, vu par ChatGPT et Midjourney.
Je voulais en avoir le coeur net.
Dans cet exercice très étrange, je me suis imposé une règle : je ne devais RIEN écrire moi-même (pas même retravailler une phrase) et je ne devais JAMAIS dire à l’IA ce qu’elle devait écrire. Je pouvais juste lui demander de me faire des propositions que je sélectionnais, ou de revoir un passage en lui donnant une direction (plus poétique, moins cliché, plus simple, approfondis cette idée, etc…). Et il fallait que le résultat soit de bonne qualité, intéressant, cohérent, et crédible. Mon art, c’était le prompt, pas l’écriture.
Et bon, hum, comme tu vas le découvrir, ces simples exigences ont rendu la mission beaucoup plus compliquée que je ne l’imaginais. Mais ce qui est cool c’est que j’y suis arrivé. J’ai entre les mains la première saison d’un roman de science-fiction. Tu me diras ce que tu en penses.
Alors comment ai-je fait ?
Tout d’abord, c’est beaucoup de travail. Ce n’est pas parce que c’est l’IA qui écrit que tu ne fais rien. Imagine un coach qui fait face à un écrivain en herbe et qui lui dit “coco, je vais t’aider à écrire ton premier roman et ça va être un best-seller”. En face, cocoGPT répond en général “en tant qu’assistant IA je serais ravi de t’aider à écrire ton roman, de quoi va-t-il parler ?”. Et là tu lui réponds : “Non non, ChatGPT, c’est TOI qui va l’écrire. Et je n’ai AUCUNE idée de ce dont ton roman va parler”.
Première étape, donc, trouver le sujet. Haha.
Je voulais commencer par quelque chose de pas trop compliqué à écrire. Soit : une romance, dans un univers de science-fiction, qui se déroule dans les 20 prochaines années. J’ai donc donné un rôle à ChatGPT pour qu’il me propose plusieurs idées.
Agis comme un expert en science-fiction visionnaire avec une forte culture géopolitique, scientifique et de prospective. Tu as un PhD en futurologie, sciences politiques et littérature comparée. Tu as écrit plusieurs romans de SF à succès salués par la critique, traduits dans plus de 20 langues. Tu es reconnu pour ta capacité unique à imaginer des futurs crédibles et captivants, ancrés dans une compréhension fine des enjeux géostratégiques et des dernières avancées technologiques. Tes intrigues combinent suspense, profondeur émotionnelle des personnages et réflexions stimulantes sur le devenir de l'humanité. Tes romans se sont vendus à plus de 10 millions d'exemplaires dans le monde.
Je veux écrire un roman de SF qui imagine le monde tel qu'il va évoluer dans 20 ans à travers le regard de deux personnages et une romance.
Peux-tu me donner 10 idées de romans qui plairont au public cible de ce genre ?
Franchement, j’ai été agréablement surpris par la créativité de l’IA dans cet exercice. Toutes les histoires avaient du potentiel.
J’ai choisi ce pitch :
“Le paradoxe des Âmes Soeurs”. Un roman choral qui suit plusieurs romances à des époques différentes au XXIe siècle, et dont les destins finissent par se croiser de manière étonnante. En toile de fond, une fresque épique des bouleversements à venir : dérèglement climatique, gouvernance mondiale de l'IA, nouvelles frontières spatiales, qui vont redistribuer les cartes géopolitiques et l'avenir de l'humanité. Un roman d'anticipation haletant sur l'amour au temps des singularités.”
Les IA génératives excellent dans l'art de l'anticipation, en particulier lorsqu'il s'agit d'émettre des hypothèses plausibles sur l'avenir. Leur approche statistique unique des données d'entraînement leur confère cette capacité fascinante. J’étais donc impatient de découvrir la vision futuriste que ChatGPT allait inventer autour de son pitch
Je lui ai demandé de m’écrire un synopsis de son “Paradoxe des Âmes Soeurs” en trois actes et, là encore, une agréable surprise m’attendait…
L’histoire était complexe, mais elle se tenait. Ensuite, l’IA avait choisi d’explorer des thèmes particulièrement crédibles pour construire son monde du futur, en 2037 : changement climatique, tensions géopolitiques, singularité de l’IA et informatique quantique. Plus intéressant : elle avait choisi de placer cette histoire du futur en Asie, pas en Europe ni aux Etats-Unis. Comme si ce continent allait être, selon elle, le terrain de jeu majeur des prochaines décennies. Le futur ? Il se jouera en Asie.
Un laboratoire d’IA virtuel, entre Singapour et Tokyo, en 2037 (Midjourney)
J’ai décidé de ne toucher à rien. Je lui ai juste demandé de m’expliquer le concept étrange de “boucle temporelle quantique” qu’elle évoquait dans son scénario. Elle m’a répondu par un texte de deux pages hyper précis, comme si elle avait bien réfléchi à la question, et m’a expliqué que cette idée romanesque s’appuyait sur des théories réélles, qu’elle avait choisi d’extrapoler. Ok ChatGPT…
Troisième étape : structurer un contexte solide de travail pour ma “Muse à écrire”. J’ai donc demandé à ChatGPT de générer des fiches pour chaque personnage de son scénario, plus une autre contenant une description du monde en 2037. À partir de là, je lui ai demandé de me proposer plusieurs plans détaillés de son futur roman, selon différents modèles narratifs (parmi lesquels le fameux modèle du “voyage du héros”, popularisé par Joseph Campbell). J’ai choisi celui qui me plaisait le plus.
J’ai mis tout ça dans un document word. Ce document servirait de “mémoire” à l’IA pour rester sur les rails. Il me suffirait de lui envoyer le document mis à jour de temps en temps. Cette fonctionnalité n’est disponible qu’avec la version payante de ChatGPT ou avec des plateformes comme “Poe” ou “Claude”, mais elle est indispensable pour maintenir la cohérence du texte tout au long du travail d’écriture.
Première page de mon document de travail.
Ok. C’est à ce moment critique j’ai réalisé que j’entamais “l’écriture” d’un roman sur un sujet que je ne maitrisais absolument pas : l’informatique et l’IA quantique. J’allais avoir besoin d’aide. Comment faire ? J’ai alors eu l’idée de créer, toujours à partir d’un simple prompt, un nouvel expert IA, à qui j’allais donner le rôle d’une scientifique. Je l’ai appellée “Emmanuelle Quant”. Sa mission ? Vérifier que le roman reste crédible scientifiquement de bout en bout. Elle ferait les recherches à ma place, et au passage, j’apprendrais plein de concepts nouveaux. Et là je me suis dit : d’accord, mais à quoi ressemblera le monde en 2037 d’un point de vue géopolitique et climatique ? Il me fallait d’autres experts… Je basculais dans une autre dimension.
J’ai compris que faire écrire un roman par “une” IA n’avait pas vraiment de sens. Il fallait le faire écrire par plusieurs IA. Pourquoi ? Eh bien la réponse est tout à fait fascinante…
ChatGPT n’est pas vraiment une intelligence, en tout cas pas au sens humain du terme. L’IA générative tente de reconstituer des motifs d’intelligence spécifiques dans sa connaissance interne en fonction de la tâche que tu lui demandes. Si tu lui demandes d’écrire une romance, elle ira chercher son “intelligence” dans le secteur de son réseau de neurones qui a interprété le mode de fonctionnement des écrivains de romance. Si tu lui demandes de corriger son style, elle ira emprunter son intelligence dans un autre secteur, comme le style ou la grammaire française. Si tu mets de l’émotion dans ton prompt, elle va s’infuser de motifs d’intelligence émotionnelle. ChatGPT n’est pas une IA, mais un écosystème de motifs d’intelligence.
Je n’avais donc pas besoin d’une IA, j’avais besoin d’une équipe d’IA.
L’IA n’a pas de sens commun ni d’intelligence unifiée, elle va puiser différents motifs d’intelligence en fonction de la tâche qu’on lui demande (Midjourney).
Pour approfondir cette idée, je me suis servi d’une fonctionnalité de certaines plateformes d’IA : les assistants. Je devais en créer autant que nécessaire pour gérer toutes les tâches dont j’avais besoin dans l’écriture du manuscrit. Sur ChatGPT, cette fonctionnalité s’appelle les “GPTs” : des mini-ChatGPT spécialisés à qui tu donnes un rôle, des compétences et une mission.
Mais pour gérer mes assistants, j’ai préféré une autre plateforme : “Poe”. Pourquoi ? Parce qu’elle te permet de créer le même type d’assistants (appelés “bots”), mais en te laissant le choix du modèle d’IA. Et en particulier “Claude 3 Opus”, une IA concurrente à ChatGPT. Claude est, à mon avis, l’IA générative la plus puissante du marché pour la création de contenus.
Claude a un autre atout : sa taille de contexte, c’est à dire sa capacité à conserver en mémoire un texte long. 500 pages pour Claude, 300 pour GPT-4. Après pas mal d’essais, j’ai utilisé alternativement Poe et la plateforme française Dust qui, pour un prix équivalent, me permettait de générer plus de prompts avec Claude.
Mon assistante scientifique sur la plateforme Poe.com.
Ce qui est génial avec ces trois plateformes c’est que tu peux faire intervenir tous tes assistants dans une même conversation. Par exemple, tu demande à ton assistant écrivain de rédiger le début du premier chapitre, et tu appelles Emmanuelle Quant comme tu le ferais dans un groupe WhatsApp en lui disant : “Hey @emmanuellequant, que penses-tu de ce passage ? C’est crédible ?”
J’étais comme un enfant devant un camion de pompiers.
Évidemment, l’assistant le plus important est celui qui va écrire. Il faut lui donner une histoire, une personnalité (c’est ce qui apportera une partie de l’émotion au texte), et bien sûr un style. J’ai donc demandé à mon assistant expert SF de me créer une fiche d’auteur. Il a choisi une femme, qu’il a appelée Yuna Kim. Il a ensuite défini son style comme le mélange créatif de plusieurs autrices et auteurs qu’il estimait “compatibles” avec son scénario. Et il l’a appelé le style "Réalisme Quantique Pulsionnel". Bon, pourquoi pas…
Ma petite team d’IA expertes autour de “Yuna Kim” (Midjourney + Canva)
J’ai fait le même exercice pour générer tous mes assistants : autour de Yuna Kim, il y avait désormais l’agent littéraire, Claude Litté, qui conseillait Yuna sur sa narration, la spécialiste du GIEC, Greta Gates, qui anticipait un Singapour surchauffé en 2037, mais aussi Philippe Bechrel chargé de traquer les lourdeurs de style dans le manuscrit. Et j’ai invité 3 écrivains de haut vol, Liu Cixin, Haruki Murakami et Kim Stanley Robison, pour assister (et parfois, retravailler) la prose de mon écrivaine. C’est d’ailleurs le clone de Liu Cixin qui a eu la délicate mission d’aider Yuna à imaginer le final vertigineux du roman. Et ce qui était très drôle, c’est que tous ces experts virtuels se répondaient dans l’espace de conversation, et se corrigaient les uns les autres.
J’ai commencé par demander à Yuna Kim de nous proposer ses pistes pour le premier chapitre. Après en avoir discuté de façon constructive avec le reste de l’équipe, je lui ai demandé de générer les 3 premiers paragraphes. Ces derniers ont aussitôt été triturés et retravaillés par les autres !
Extrait d’un échange avec les experts sur l’interface Dust.tt, dans la même conversation.
Mon rôle ? Un rôle de manager. Je convoquais les assistants alternativement selon les besoins, je leur proposais des méthodologies créatives pour éviter les clichés et imaginer la suite, ou pour générer plus d’émotion...
Dans “Anatomie de l’horreur”, l’écrivain Stephen King explique que l’un de ses exercices favoris (et son plus grand défi) est de mettre son personnage dans une situation impossible, et d’essayer de trouver une idée crédible pour le sortir de l’impasse. L’IA est excellente à cet exercice, surtout quand elle placée dans un contexte collaboratif (ses idées sont alors plus diversifiées). Je me suis retrouvé à de nombreuses reprises dans des situations où je m’arrachais les cheveux, me disant : “mais comment vais-je m’en sortir ?” Et je demandais à Haruki ou Yuna de me suggérer dix idées. J’étais bluffé par leur créativité.
Pour m’assurer que mon équipe ne perdait pas le fil, je copiais-collais la prose de Yuna KIm dans un manuscrit. Et je plaçais ce dernier à la suite de mes fiches de référence, dans le même document word. Je leur envoyais les mises à jour dès que j’avais validé un passage.
Et c’est comme ça que j’ai écris un roman en 7 jours. Enfin presque.
L’interface d’échange avec ma “team” d’écrivains IA sur Poe.com
Il me restait le plus dur : la phase de correction et de ré-écriture. Elle m’a pris 4 jours de plus.
Des journées entières, et quelques nuits à m’arracher les cheveux… Mais j’étais dans un état de “flow” permanent, fasciné, incapable de m’arrêter. J’avais l’impression d’être un alchimiste des mots qui essaie d’obtenir le texte le plus percutant possible, mais sans jamais écrire lui-même. Ma technique : des petites touches de prompts, des suggestions d’approfondissement, des exercices collaboratifs, pour faire sortir le meilleur de la machine.
Au final, “écrire” un roman avec ma petite équipe d’IA autour de Yuna Kim m’a appris énormément sur l’art du prompt.
Les meilleurs résultats, je les ai moins obtenus par le “bon prompt” que par des méthodes de management créatif. Certes, les IA comme ChatGPT ne “pensent” pas comme les humains, mais ce sont des modèles littéraires, plus que mathématiques, qui s’infusent des comportements humains. Un prompt émotionnel (“allez, surpassez-vous !”), ou qui confrontait les approches de plusieurs assistants d’IA, me permettait d’améliorer considérablement les résultats.
J’ai aussi appris à “prompter” contre l’IA, pour la faire trébucher, et effacer sa propension à aller dans les lourdeurs stylistiques ou les clichés narratifs : je demandais à Yuna ou Claude de prendre le point de vue de la lectrice ou du lecteur, je les poussais à se poser des questions, je faisais faire à Yuna ou Haruki du stretching créatif (pousser une idée ou un style jusqu’à un maximum absurde), ou alors je demandais à chacun sa version avant de leur demander de combiner le meilleur… C’était la partie la plus difficile, mais aussi la plus intéressante à opérer, parce que l’on touche vraiment du doigt les limites de la machine en matière de style d’écriture.
Pour être parfaitement transparent, je ne suis pas allé au bout du scénario imaginé par l’IA (qui avait pris d’ailleurs des embranchements différents au fil de l’écriture). Je me suis arrêté à la fin de la première partie, et je me suis dit que je pourrais produire “Le paradoxe des Âmes Soeurs” comme une série télé. En trois saisons.
Mais j’avais déjà ma première saison : 12 chapitres, et une centaine de pages.
Il ne me restait plus qu’à réaliser ma couverture avec l’aide de Midjourney et d’Adobe Express. Et voilà. J’avais réussi.
Évidemment cet exercice m’a plongé dans des questions existentielles sans fond. Comme par exemple : est-ce moi qui ai écrit ce roman ? Non, ah bon ? Oui mais alors si l’on part du principe que l’IA n’aurait pas pu l’écrire sans moi, qui l’a écrit ? Pourtant, le style de Yuna Kim n’a rien à voir avec le mien. Et je n’aurais jamais eu l’idée, ni même l’envie, d’écrire cette histoire d’amour au temps de l’informatique quantique. Mais alors ? Est-ce une oeuvre hybride, dont je serais … le coach, le producteur, le “produ-lecteur”, hum… le néo-écrivain ? Est-ce mon inconscient qui l’a inpiré ? Haha, je perds la tête…
Maintenant, je me dis que pour aller vraiment jusqu’au bout, il faudrait faire éditer le roman et le diffuser en librairie afin de voir comment réagit le public. J’ai songé un temps à passer par mon éditeur (chez qui j’ai publié mon premier livre), mais j’ai eu un peu peur de perdre ma liberté d’action (et de leurn faire peur !). J’ai donc commencé à regarder les plateformes d’auto-édition...
Alors voici ce que je te propose : tu vas pouvoir télécharger gratuitement ci-dessous les deux premiers chapitres du roman de Yuna Kim. Lis les, fais moi tes remarques, et si tu as envie de lire la suite, dis le moi. Fais preuve d’indulgence, c’est son premier roman ! S’il est encore (très) perfectible (souviens toi que je ne pouvais pas corriger directement son style) ce n’est pas de “sa” faute, mais plutôt de la mienne si j’ose dire. L’art de prompter un roman est une discipline complètement nouvelle, il y a plein de mécanismes que je n’ai pas encore explorés. La saison 2 devrait être meilleure (ou moins pire, haha) !
Et si tu penses que ça vaut le coup d’aller plus loin, j’essaierai de l’éditer, de le faire imprimer, et de le distribuer… et je te raconterai. De quoi alimenter un sacré débat !
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L’OUTIL GRATUIT
Connais-tu Firefly 3, l’éditeur d’images préféré des Français ?
Selon le baromètre Talan/Ifop 2024, “Adobe Photoshop AI” est le 3ème outil d'IA le plus utilisé par les Français (14%), derrière ChatGPT (66%) et Gemini (15%). Mais Photoshop est cher et compliqué.
Il existe cependant une astuce pour tester gratuitement les outils IA d'Adobe : Adobe Firefly.
Avec sa version 3, Firefly est devenu très intuitif et permet de créer, éditer et composer des images, ainsi que de générer automatiquement des créations graphiques pour les réseaux sociaux grâce à l'intégration d'Adobe Express.
J'ai comparé ses résultats à ceux de Midjourney 6. Bien que Firefly soit encore en dessous de Midjourney, les images sont suffisamment bonnes et photoréalistes pour générer rapidement et gratuitement des contenus.
Firefly offre d'autres fonctionnalités intéressantes, comme la composition d'images à l'aide d'une image "guide" (par exemple un dessin que tu transforme ou remplit avec l’IA), le retrait et le remplacement de l'arrière-plan, la correction de défauts, et la création de flyers ou de graphiques avec des modèles générés automatiquement (avec Adobe Express). Ce qui en fait, au passage, un concurrent très sérieux de Canva.
PROMPTOLOGIE
Souviens toi, ChatGPT…
OpenAi vient de déployer cette semaine une nouvelle fonctionnalité pour son chatbot d’IA. Comme tu le sais peut-être, ChatGPT ne se souvient pas de tes interactions entre chaque conversation. C’est un peu comme s’il était un inconnu derrière une porte blindée à qui tu passais des messages pour travailler avec lui : il ne te connait pas, ne connait pas ton contexte, et il oublie tout ce que tu lui as dit à chaque conversation.
Désormais, il a une mémoire ! Il s’agit d’une sorte de petit carnet de notes dans lequel il va stocker les éléments importants pour s’en souvenir. Si tu lui dis que tu vis à Marseille par exemple, la prochaine fois que tu lui demanderas “quelles activités puis-je faire autour de chez moi”, il comprendra “autour de Marseille”.
Pour commencer à activer sa mémoire, je te recommande ce petit prompt tout simple. Tu n’es pas obligé de répondre à toutes les questions, mais ça t’aidera à voir comme ChatGPT gère ses souvenirs et les intègre dans ses réponses :
ChatGPT, nous allons discuter ensemble pour que tu apprennes à mieux me connaitre. Pose moi 20 questions sur moi, mon métier, mes préférences stylistiques, mes domaines d'expertise et mes centres d'intérêt, et toute autre question que tu estimeras pertinente pour apprendre à travailler avec moi de manière plus personnalisée. Tu inscriras mes réponses dans ta mémoire. Ok ?
Tu verras un petit picto s’activer, avec la phrase “mémoire mise à jour”.
Attention, il peut mal synthétiser tes réponses ! Donc je te conseille donc de vérifier son carnet de notes régulièrement (va dans “paramètres” puis “personnalisation” pour activer/désactiver/configurer la mémoire) et d’effacer ce qui ne va pas (tu peux aussi le lui demander de corriger dans la conversation mais c’est encore un peu aléatoire).
C’est très expérimental (et il n'est pas sûr que cela soit toujours pertinent). Et cela pose évidemment plein de questions de confidentialité. Pour lesquelles les réponses ne sont pas encore très claires je trouve. Si tu as un compte individuel, il te faut expressement demander que tes données ne soient pas utilisées (tu peux voir ça ici). Si tu as un compte “team” ou “entreprise”, la confidentialité est activée par défaut, mais tu n’es pas à l’abri d’un piratage de ton compte. L’algorithme de prise de notes a été configuré pour ne pas retenir d’infos sensibles, mais je te recommande de les contrôler et les supprimer en allant dans “personnalisation”.
MODE D’EMPLOI
Peut-on se cloner soi-même et tromper tout le monde ?
Peut-on tromper le monde avec une version IA de soi-même ? Une journaliste a mené l'expérience, et c'est passionnant.
Joanna Stern est journaliste tech au Wall Street Journal.
Elle a re-créé une version IA d'elle-même pour voir si son jumeau numérique pouvait le remplacer pendant une journée. Ce qui est intéressant dans cette vidéo, c’est qu’elle nous explique aussi comment faire…
Pour créer la meilleure version d'elle-même, Joanna est passé par la plateforme Synthesia pour cloner une version vidéo presque parfaite d'elle-même à partir de plusieurs prises dans leur studio (ça lui a coûté 1000$ mais tu peux le faire pour quelques dollars). Elle est ensuite passée par Eleven Labs pour cloner sa voix (5$/mois).
Elle a ensuite testé son clone (voix et/ou vidéo) pour :
- Interviewer le patron de Snapchat, qui s'est laissé prendre.
- Appeler sa soeur (qui s'est méfiée).
- Appeler sa banque (qui n'a rien vu venir : la banque utilise une analyse biométrique de la voix, que l'IA a passé sans problème).
- Générer une vidéo TikTok écrite par ChatGPT : l'audience ne s'y est pas laissée prendre...
- Participer à une conférence zoom avec sa famille : le clone s'est fait repérer en quelques secondes...
Conclusion :
- le clone vidéo est bluffant, mais pas encore prête à nous remplacer
- la voix est dores et déjà capable de tromper son monde...
L'auteur Reid Hoffman (co-fondateur de Inflection AI) a fait une expérience similaire (en utilisant l'IA de clonage vidéo Hour One, automatisée avec ChatGPT et Elevens Labs) mais avec un objectif différent : le clone a digéré toute son oeuvre et est capable de synthétiser la plupart de ses idées. Sa conclusion : parler avec son clone l'aide à s'améliorer et à stimuler ses idées. Le clone n'est pas capable de générer de nouveaux contenus intéressants, mais peut aider à retravailler ou adapter son discours à des publics différents.
Ces deux expériences passionnantes nous apprennent deux choses :
- Les deepfakes audio et vidéo sont une réalité et vont continuer de s'améliorer. Les outils de détection et de sécurité vont devoir suivre à un rythme effréné.
- Ils peuvent aussi permettre de gagner du temps pour générer des contenus simples, de nous adapter à une nouvelle audience, de nous internationaliser, voire de nous challenger....
... mais de nous remplacer ? Pas encore.
L’IMAGE
Partage tes images réalisées avec Midjourney !
Ellora, qui a suivi notre formation a Midjourney, a partagé sur le groupe WhatsApp “Génération IA” ses premières créations. Elle a utilisé pour cela le prompt “Balzac” que je partage dans la formation pour générer (en utilisant préalablement ChatGPT) un prompt permettant d’obtenir des images hyperéalistes. Comme elle a passé 5 ans au Sahel, elle a eu envie de s’inventer un nouveau portfolio imaginaire. J’ai adoré l’émotion qui émerge de cette image. Bravo Ellora !
Si toi aussi tu veux créer des images aussi belles, tu peux suivre la formation “Midjourney : de zéro à … wow”. En cliquant ici, tu obtiendras une réduction exclusive (attention ! valable jusqu’à mardi).
LES BONS LIENS
La sélection de Thomas
Ce dimanche, Thomas Mahier (l’ingénieur IA de l’équipe) te propose une nouvelle rubrique. Une sélection d’articles ou de vidéos qui ont capté son intérêt. Dis moi si tu trouves ça utile et si tu veux la retrouver dans la prochaine newsletter !
Très bonne vidéo de Monsieur Phi sur l'IA (encore une). Dans ChatGPT rêve-t-il de cavaliers électriques ? (clin d’oeil à la nouvelle de Philip K.Dick qui a inspiré le film “Blade Runner”), il explore les capacités de ChatGPT à jouer aux échecs et à l'othello. Très bien sourcé, avec plein d'articles intéressants cités.
Je suis justement en train de lire un bouquin sur l’impact qu’a eu AlphaZero, l’IA de Deepmind, sur le jeu d’échecs à sa sortie en 2017. Autant vous dire que cette vidéo tombe à pic pour moi. Merci à la communauté WhatsApp de Génération IA de l’avoir remontée. Et tant qu'on y est, pourquoi ne pas (re)voir l'excellent documentaire AlphaGo - TheMovie, qui raconte le duel historique de 2016 entre Lee Sedol, le champion du monde de Go, et AlphaGo ? Benoît avait aussi écrit un article sur le sujet en 2018.
Melanie Mitchell, elle, nous invite à la prudence face aux titres annonçant que l'IA "bat" désormais les humains sur des tâches de base. Dans sa dernière newsletter, elle passe en revue les nombreux biais qui peuvent fausser l'évaluation des IA par les benchmarks : données de test contaminées, apprentissage de raccourcis, manque de validité des tâches... Autant de raisons de prendre ces résultats avec des pincettes.
On construit cette lettre ensemble !
Les retours à ma dernière lettre l’impact carbone ont été très positifs !
“J'ai rarement vu une analyse de l'impact environnemental de l'IA qui en aborde la quasi totalité des dimensions. C'est vraiment remarquable et super utile !"“.
Ça m’a fait plaisir parce que ça m’a pris beaucoup de temps pour trier et analyser les données… merci !
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Le sujet fait visiblement débat. Certains estiment que les calculs remontés ne reflètent pas toute la réalité de l’impact carbone de l’usage de l’IA (et ils ont raison, mais je n’ai pas trouvé les chiffres), d’autres ont estimé que la solution étaient entre les mains de l’IA elle-même (difficile à anticiper et à mesurer). Et un lecteur a trouvé que, un, l’article était “trop long” et que, deux, “le CO2 on s’en fout, la France c’est 0,8% des émissions” (ce qui est vrai mais pas complètement exact puisque dans le calcul de l’impact de ChatGPT c’est le carbone importé que l’on compte. La plupart serveurs étant à l’étranger, qu’on utilise l’IA depuis la France ou ailleurs ne change rien).
Voilà ! A toi de voter !
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Merci de nous avoir consacré un peu de ton temps. Je te souhaite une magnifique journée, profites-en pour écrire un roman !
🤘 Benoît, Thomas et FlintGPT.